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Project 03

DAIKOKUBASHIRA       
 大黒柱  

<sub>ROUTE DÉPARTEMENTALE D55
35 550 SAINT-JUST
ILLE-ET-VILAINE


Le daikokubashira 大黒柱 se réfère à l’architecture japonaise. Et plus précisément au terme de hashira 柱 qui veut dire le poteau; cet élément de construction dressé verticalement, depuis la terre et soutient le toit par l’intermédiaire de poutre. Le lien entre le sol et le ciel. C’est donc le poteau au centre de la maison. Le daikokubashira va encore plus loin puisqu’il incarne le centre absolu de l’habitation. Il devient ici “un dispositif fondamental de constitution de l’environnement”. 

d’après Sendai Shoichiro dans le “Vocabulaire de la spatialité japonaise”, p.169, CNRS éditions</sub>

Monsieur H. est ce genre de personne à la vie plus longue que son âge ne laisse penser. Originaire du Massachusetts, où il y a fait ses études, son métier d’ingénieur en énergie l’a porté à peu près partout. Il serait d’ailleurs plus simple d’énoncer les lieux où il n’est pas allé que ceux qu’il a traversé.
Tombé ici, dans un coin reculé de Bretagne, après plusieurs années à travailler sur un projet thermonucléaire de type Tokamak en France, on peut avouer qu’il est une énigme à premier abord quand on le rencontre. Hyperactif, polyglotte, la taille d’un basketteur. Le cerveau de Monsieur H. n’est pas souvent au repos au vu du nombre d’idées qu’il peut avoir sur un même sujet. Incontestablement brillant, il a cette touche de folie qui l’inscrit dans un univers de recherche perpétuelle, qui déborde largement de son sujet d’étude. Un rien le passionne et son énergie l’oblige à se contenir s’il ne veut pas perdre ses interlocuteurs.

Il s’est installé avec son épouse et ses jeunes enfants à la campagne, à l’écart des mondes urbains qu’ils ont côtoyé auparavant. Ils y ont fait construire une maison spacieuse et singulière à la naissance de leur première fille. La maison occupe le point culminant de leur grand terrain, recouvert de hautes herbes et bordé d’un bois. Les grands pins maritimes ceinture la propriété.

Les missions de travail qui lui sont confié l’oblige à voyager beaucoup et loin, mais son équilibre réside dans des temps de pause, où il rattrape le temps à la maison. Mais quand il n’est pas en cuisine ou avec ses enfants, il continue de travailler dans un petit bureau, entre la buanderie et le garage.  
C’est Madame H. qui a cette idée la première. Monsieur H. n’est pas emballé, rigolant de se sentir mis à la porte. Mais le projet de lui construire un bel espace de travail, à l’écart de la maison, sur un coin du terrain, est enclenché à l’hiver 2021.

Les exigences de départ de Monsieur H. sont simples: une grande table à dessin et une seconde plus petite pour son ordinateur et d’éventuelles réunions. L’espace devra être généreux et très lumineux. Un poêle pour se chauffer, récupérer les eaux de pluie et des toilettes pour s’éviter de repasser par la maison. Une certaine ingéniosité est recherchée. Sur le plan technique, seul un raccordement électrique pour l’éclairage suffit. Si la maison emploie des matériaux locaux, cet atelier devra être à l’image de ses inventions, et s’offrir une certaine radicalité, en coupure avec l’espace domestique et familial. Une manière déguisée aussi pour Mr H. de marquer ses différences et ses visions dans ce morceau de campagne.