Project  02
 20 . 02 _ AT _ PORQ


BARBA JUPITER      


PISTE DU CAP-MÉDÈS
83420 PORQUEROLLES



Des murs de pierres, une grande toiture débordante pour se protéger du soleil, des voûtes pour faciliter la circulation de l’air. Les archétypes d’une architecture méditerranéenne.
Ce grand atelier est traversé par le site. L’extérieur et l’intérieur se confondent pour accueillir le travail de ce peintre et lui offrir la lumière dont il a besoin.

A l’image des grandes toiles d’un blanc immaculé, acheminées par bateau, et qui croisent leurs semblables recouvertent de couleurs repartir sur le continent; cet atelier provoque l’immersion. Il y a là l’empreinte du site sur ses toiles devenues tableaux. 
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Anthyllis barba-jovis, ou la barbe de Jupiter, est le nom donné à une plante endémique du bassin méditerranéen et de l’île de Porquerolles. Elle pousse au milieu des rochers et subsiste dans des conditions très arides, face aux embruns de la mer. Elle fait partie des plantes terrestres qui poussent dans cette ultime bande avant la mer, comme un dernier rempart. Dans l’épaisseur de cette frontière, où la mer conditionne autant que la terre.
Monsieur T. est un peintre reconnu mais qui est en perte d’inspiration comme il aime se présenter. Son atelier emploie plusieurs personnes et correspond assez bien à ce qu’on peut s’imaginer d’un atelier d’artiste à Londres. Une grande charpente métallique rappelle l’histoire industrielle du lieu. La grande verrière éclaire une pièce rectangulaire constituée de hauts murs de briques blanches encombrés de toiles de grandes dimensions. Certaines sont achevées, d’autres sont en cours d’achèvement. A l’opposé de l’entrée, à coté du grand lavabo, une fenêtre aux carreaux fins ouvre sur un petit jardin de coeur d’îlot. Son seul horizon. Alors pour se ressourcer, il multiplie les allers et retours avec une île qui lui est chère et ainsi retrouver les lumières et les parfums qu’il affectionne.  
Cette île c’est Porquerolles en Méditerranée. Monsieur T. y a des origines et possède une ancienne ferme qu’il retape depuis des années. Cette bâtisse imposante, sur la plaine de Notre Dame, traduit le passé agricole de l’île. Dès le XIIème siècle, on y cultivait des agrumes, des olives, de la vigne, des céréales et des plantes médicinales. L’eau était abondante et de grande qualité, on la puisait à travers des puits et la stockait dans de grandes citernes. L’île a offert beaucoup à ceux qui l’ont habité, mais l’industrie de la soude au XIXème siècle a altéré durablement les ressources. Monsieur T. fait partie de ceux qui défendent farouchement les beautés naturelles de cette île, avec un chauvinisme assumé, et qui parle de cette île avec la douceur que l’on porte habituellement à ses enfants.

Jouxtant cette ferme qui court sur plusieurs hectares, se trouve un lopin de terre, prétendu inconstructible, face à la mer. Concentré sur son chantier de réhabilitation, il n’y prêtait pas garde. Mais un soir d’automne, l’idée lui est venu d’y faire installer un second atelier. Les motivations décrites par Mr. T. étaient une invitation à habiter et peindre autrement.

Le site est somptueux, en pleine nature, seulement des pins, des chênes verts et des broussailles occupent cette parcelle d’un peu plus de 400m2. Ses limites sont imprécises mais la piste et la plage font office de séparatif de part et d’autre du terrain. Un toit de branches et un lit de paille pourrait satisfaire quiconque.

L’enjeu de ce projet n’était pas de s’approprier l’espace au sens d’une propriété, mais de venir s’installer temporairement, en acceptant un statut de passant. L’installation fixe que confère la propriété n’est ici pas possible. Le confort moderne est d’ailleurs empêché: l’eau courante ne vient pas jusqu’ici, et l’électricité sera trop onéreuse à installer. Une île sur l’île.

C’est un lieu sans raccordement aux réseaux, sans panneau chien méchant, et surtout sans délimitations de propriété. Il n’y a rien à voler, rien à prendre, rien à s’approprier. Seulement un habitat avec un sol et un toit pour occuper de temps en temps ce site naturel.

Monsieur T. habitera ce site quelques mois dans l’année et pourra compléter ce confort avec un matelas, du linge, des ustensiles de cuisine, et du matériel de peinture. L’eau, récupérée dans deux immenses citernes inox, sera celle tombée du ciel. Elle servira à la toilette, au nettoyage et l’arrosage du potager. Un petit réservoir d’eau potable, logé dans l’une des deux citernes, ravitaillé par pick-up permet de tenir quelques semaines. L’électricité quant à elle est fournie par une petite éolienne domestique, complétée par des panneaux solaires. La petite batterie de stockage permet de tenir 2 jours sans vent ni soleil.

Cette autonomie est permise par des conditions météorologiques normales relevées sur le site. Mais l’eau, abondante en automne et en hiver, permet de passer le printemps et le début de l’été. La période touristique rend l’atelier inhabitable et les sécheresses assèchent les réservoirs jusqu’au début de l’automne.

Quand on saisit cette dimension, il est possible d’assumer une construction avec des matériaux lourds, qui plus est, extraits du site. Ce n’est ni une cabane, ni un abri. C’est un atelier pour un peintre.

Atelier et
habitation autonome

Commencement: 2020
Surface : 90m2 SDP


Construction neuve
Projet intérieur et mobilier
Unité de production d’énergie dotée d’une éolienne domestique et de panneaux solaire
Deux cuves de récupération des EP et une cuve d’eau potable


Fondation pieux béton
Pile et poutre béton préfabriqué
Mur en pierres
Plancher bois
Charpentre béton
Couverture en coque de béton préfabriqué
Citerne en acier inoxydable soudé

Inventaire matériaux:
Pierre et bloc de roches concassés de l’île + Béton préfabriqué + Pisé + Bois de pin + Panneaux isolant de chêne liège + Menuiseries extérieures en bois de pin + Tomettes d’argile +  Terrasse en bois de pin