G   M   T

+


PIERCE & PIERCE



pi



DIPLÔME
16 . 01 _ BK _ NEW YORK


PIERCE & PIERCE.   


201 WALL STREET, NEW YORK
NY 10005, UNITED STATES OF AMERICA



Le projet extrait deux personnages de romans pour alimenter la fiction qui l’accompagne. Patrick Bateman, tiré du roman «American Psycho» de Bret Easton Ellis et Sherman McCoy issu du «Bûché des vanités» de Tom Wolfe.

Deux histoires se déroulant à New York, écrites en pleine dérégulation des marchés financiers, dans les années 1980. Ces deux personnages sont les archétypes d’un microcosme toujours à l’œuvre aujourd’hui.

Bateman et McCoy travaillent tous deux pour une même banque d’investissement: Pierce & Pierce.

Le projet serait alors de penser le siège de Pierce & Pierce au regard d’une matérialisation architecturale des cerveaux de Sherman McCoy et Patrick Bateman.
Le point de départ de ce projet est notre système économique: le capitalisme. Le questionnement qui l’accompagne porte sur les transpositions de ce système dans notre façon de penser l’architecture.

Les milieux financiers sont caractérisés par une immatérialité, une abstraction qui rend leur action moins lisibles aux yeux de l’opinion publique. Mais ce n’est pas pour autant que son influence n’impacte pas la société. Les flux monétaires, les échanges engagés sur les marchés boursiers sont autant de données virtuelles, invisibles et insaisissables. Il règne dans ces milieux une opacité qui semble justifiée par la valeur argent.

Le projet qui suit, cherche à ancrer l’abstraction qui entoure le monde financier dans une architecture. Et ainsi révéler à tous, la puissance et le pouvoir décisionnaire de ce milieu sur nos réalités économiques, politiques, sociales ou encore écologiques.

Le capitalisme nous a transporté dans ce qu’appelle Gilles Lipovetsky la société hypermoderne, c’est à dire une seconde révolution moderne «emportée par un processus hyperbolique de modernisation de la modernité elle-même (...) et qui s’accompagne de toujours plus de concurrence, toujours plus de compétition, de marchandisation, de mobilité et de flexibilité.» L’hypermodernisme se présente ainsi sous le signe d’une montée dans les extrêmes, sous le signe de l’excès.

L’excès fait partie intégrante du capitalisme, il est son essence. D’ailleurs il faut comprendre que les crises, conséquences de l’excès, sont consubstantielles au capitalisme. Ce projet inscrit donc son récit à travers le prisme de l’excès. Le parti pris consiste à exacerber des paroxysmes propre à la réalité afin de mieux la révéler. C’est un regard frontal qui vise à s’immiscer dans le cœur névralgique du capitalisme pour en faire le ressort de potentialités nouvelles…





Siège bancaire

Début :
octobre 2016
Surface :
400 000m2 SDP


auditorium
piscine
salles de crise
bureaux
bar
salle des marchés
salle de boxe
restaurants salle de golf
salle du conseil
piste de course
salles de massage
salle de relaxation
 chambres
salle de tir
 sauna
spa
 salle de musculation 
salles de spectacle
squash douches
cinéma
stockage
salle d’attente vestiaire
conciergerie








Le siège de Pierce & Pierce est un bloc vertical situé dans le Financial District en bordure de la voie Franklin D. Roosevelt Drive, une voie express qui longe East river depuis Battery Park jusqu’à Harlem. Dans la continuité de Wall street, le siège de Pierce & Pierce devient la nouvelle perpective de cette rue, allégorie du capitalisme. Tel un phare, les pieds dans l’eau, le projet anticipe la recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes du même ordre que la tempête Sandy qui avait frappé la ville à l’automne 2012. L’ensemble s’agrippe au rivage et se détache du niveau zéro, de manière à laisser passer les futurs aménagements de la ville pour les berges de l’East river encore non réalisés.


Cette implantation à l’écart résulte aussi de choix symboliques qui expriment l’attitude de Bateman et McCoy vis à vis du monde dans lequel ils évoluent. Ainsi le siège de Pierce & Pierce est à Wall Street mais se différencie de l’ensemble en lui faisant face. Il observe ses voisins, mais s’identifie comme un guide. Autant de paradoxes qui font la personnalité de ces deux êtres. Ils sont effrayés par la solitude mais sont drogués à l’unicité.

Prenant appui sur une structure métallique, le projet se dresse à 20 mètres au-dessus de cette promenade sur berge. Grâce à plusieurs batteries d’ascenseurs et d’escalators, les salariés de Pierce & Pierce rejoignent les halls de leurs tours respectives, puis accèdent aux innombrables ascenseurs pour se téléporter dans les étages.

De l’extérieur, la banque voit en son sommet trois émergences se distinguées et s’élever au plus haut dans le ciel de Wall Street. Ces trois volumes sont comme trois fantômes échappés de l’univers de New York.




Le siège de Pierce & Pierce cherche, par ce jeux de formes, à s’immiscer au plus près mais avec une grande singularité dans ce temple de la finance mondiale.


Le parallélépipède de verre qui enveloppe le volume intérieur incarne la généricité des projets architecturaux, et extirpe de cette approche le camouflage qu’il recherche. Son plan est libre, et fait référence au Typical Plan que décrit Koolhaas dans «S,M,L,XL». C’est une transposition de la standardisation et du fonctionnalisme rapportée à l’architecture verticale, qui vient se confronter à une autre pensée, appliquée au volume intérieur que le plan libre accueille en son sein.

Par cette volumétrie intérieure, le projet se retrouve, en effet composé de deux corps imbriqués, ayant chacun leur propre fonctionnement, leur propre autonomie. Cette dichotomie spatiale transpose architecturalement la schizophrénie de Patrick Bateman, mais aussi celui du monde financier. Un monde dans lequel la culture du secret est immuable.





Les volumes à l’intérieur du parallélépipède accueillent ce secret. C’est un espace où la confidentialité est maîtresse. Etant au coeur de chacune des tours de verres, il agit comme un squelette qui se révèle être l’ossature de l’entreprise. C’est un espace pensé comme un coffre, qui se veut imperméable à toutes indiscrétions. Son épaisseur traduit cette méfiance qui entoure les milieux d’argent. Dans une société où les informations fuitent et se propagent dans un temps très court, cette « cavité » calme les inquiétudes en offrant l’écrin idéal à tout bon « deal ».

Un espace nombriliste, refermé sur lui même qui abrite les activités à risque de Pierce & Pierce comme la salle des marchés répartie sur plusieurs niveaux. On y trouve aussi une partie de la direction, des salles de réunions, des espaces de conversations, le grand amphithéâtre pour les assemblées générales, des espaces de détente et de distractions, des salles de sport, des coffres, des archives, des serveurs informatiques, des cabinets secrets… Mais aussi son système de circulations verticales, qui profitent de cette confidentialité, et ainsi offre aux personnes traversant ce volume de brouiller leur cheminement.

Autour de ce noyau: des open spaces qui ouvrent sur la ville et le fleuve. C’est l’espace intermédiaire entre l’extérieur et ce « bunker ». Si le volume intérieur est labyrinthiques, architecturalement riche et pluriel, cet espace le bordant est quant à lui, fonctionnel, générique et standardisé. Pour finir c’est un lieu de la représentation, qui se donne à voire grâce à sa façade de verre et laisse paraître une certaine transparence dans les activités qui s’y déroulent à l’intérieur.

Un volume aux lignes New Yorkaises, donc, qui laissent supposer une transparence et une appartenance avec les immeubles alentour. Mais à la nuit tombée, ou profitant d’un soleil rasant, les New-Yorkais pourront apercevoir au travers des façades de verre et des étages d’open-space, le coeur du système. Une masse aveugle, symbolisant le délire financier.

Autant de lieux à développer architecturalement, dans un dessein de sur-interprétation à l’image des excès qu’ils accueilleront.















coupe longitudinale




2 ème étage
18 ème étage























coupe transversale

24 ème étage

52 ème étage