Project 07
    20 . 03 _ H _ LA ROCH



LE BANANA SPLIT


QUAI MAUBEC
17000 LA ROCHELLE
CHARENTE-MARITIME



L’enjeu n’est pas ici de rafraîchir ou de remettre au goût du jour. Non. L’ambition est avant tout structurelle et architecturale pour introduire des prolongements. 
Cette réhabilitation repousse les limites de la structure actuelle, apathique et encombrante. Une exo-structure est greffée à la première pour soulever le bâtiment et décupler ses capacités de portée. L’ossature est redressée afin d’ouvrir et dilater les espaces. Ainsi l’intérieur s’affranchi de la géométrie de la parcelle et son organisation est repensée afin de prolonger les usages et les appropriations. 


Prolongement aussi avec l’histoire du lieu et le contexte dont il fait parti. Sa façade est conservée et participe à continuer le récit. Prolongement avec le port et le quartier: le restaurant conçu comme une coque de bateau renversée, soutient l’édifice et estompe ses limites intérieures pour les confondre avec l’espace public. Et à défaut d’avoir un balcon, l’extérieur se prolonge dans certaines chambres grâce à des fenêtres atypiques et modulaires qui se transforment en table. Pour un verre, travailler ou contempler. 

Autant de prolongements qui réinscrivent ce petit hôtel face à son port et dans l’axe des deux majestueuses tours encadrant l’appel du grand large.






Il est 8h00 du matin, la chaleur est déjà moite et étouffante dans le quartier de Butuntã à São Paulo, quand le téléphone sonne chez Madame J. Elle répond instinctivement en anglais mais son interlocuteur lui répond en français. Elle s’étonne, car cela fait longtemps qu’elle n’a pas échangé dans sa langue natale. Au bout du fil, la personne se présente. Il s’agit d’une femme qui lui remémore une conversation qu’elles avaient eu en... 1998.

C’est ce genre de matin qui laisse penser qu’il ressemblera à tous les autres, mais où un coup de fil peut changer le fil d’une histoire. Celle de Madame J. en l’occurrence, partie vivre et faire affaire au Brésil dans les années 2000. Elle n’aura pas trouvé l’âme sœur mais le goût de la découverte ne l’a jamais quitté. Sa vie est ici, à São Paulo, et n’a plus réellement d’attaches en France. 

Elle met du temps à comprendre ce qu’on lui raconte au téléphone. Cette femme, déterminée à la recontacter, est la propriétaire d’un petit hôtel à La Rochelle, dans lequel, Madame J. avait séjourné à plusieurs reprises. En 1998 donc. Elle travaillait à cette époque dans la construction et la préparation de voiliers de courses et se rendait régulièrement à La Rochelle. Elle avait pris l’habitude de réserver une chambre, la numéro 24, face aux tours de la Chaîne et de Saint Nicolas; dotée d’un petit balcon offrant un très beau panorama sur l’ensemble du vieux-port. Elle n’y trouvait aucun confort particulier, la décoration était sommaire et la cuisine ne méritait aucun détour. Non ce n’était pas pour l’hôtel qu’elle revenait, mais pour le lieu. Ce type d’endroit qui vous reste dans un coin de la tête, vers lequel on a terriblement envie de revenir et qui, sans se l’expliquer, vous aimante. 
A force de quelques nuits passées seule, Madame J. s’était pris à rêver d’acquérir un jour cet hôtel. Elle avait imaginé des univers pour chacune des 12 chambres. Autant de dessins pour des espaces merveilleux aux influences invraisemblables. Le contact passait bien avec la propriétaire, et elle lui avait exposé ses intentions si elle venait à vendre. Mais la vie professionnelle allait éloigner Madame J. de ce côté de l’Atlantique. Et las, dans le préparatif de ses valises pour le Brésil, elle avait fini par envoyer ses cahiers d’inspirations à l’hôtel, comme pour sceller un projet révolu. 

Si pour la plupart d’entre nous, le projet serait apparu totalement anachronique, 23 ans passés, Madame J. ne s’est pas dérobée devant les circonstances de ce hasard. Et quelques semaines plus tard, la voilà chambre 24. Si on fait abstraction des quelques bitoniaux de sécurité en plus; rien n’avait changé. Ce petit hôtel à bout de souffle, en forme de proue de bateau, aimantait encore Madame J. 







 
Bar-Restaurant
Club de jazz
Hôtel de bord de mer

Début : juin 2021
Surface totale :
824m2 SDP


Réhabilitation complète
Mises aux normes
Reprise en sous-oeuvre
et nouveau noyau structurel
Restructuration de la terrasse en toiture

Réorganisation du lobby pour les voyageurs
Rénovation complète du restaurant et de ses cuisines
Création d’un club
au sous-sol
Restructuration complète des 16 chambres et sdb
Réfection des parties communes

Inventaire matériaux:
Béton  + Bois de Chêne et Epicéa + Isolant fibre de bois + Menuiseries extérieures en aluminium + Tuiles canal en terre cuite + Terrasses et coursives en pin + Parquet en bois de Châtaigner + Placages en Acajou , Merbau et Noyer + Citronnier du Ceylan + Thuya du Maroc+  Store en toile cirée

















 









LE BANANA SPLIT

BAR RESTAURANT









LE BANANA SPLIT

HÔTEL









 

Les chambres passent comme des voyageurs.

Mais la structure reste.
La nouvelle est additionnelle et aérienne.
Elle s’élève vers des vertiges statiques

L’existante, remodelée, est une structure terrienne.
Une masse qui fend le sol.



D’après Les Constructeurs de Fernand Léger, 1950





LE BANANA SPLIT

JAZZ CLUB


Au sous-sol de l’hôtel, à une volée d’escaliers du restaurant se trouve un jazz club. Il participe à animer les soirées sur le port en mélangeant locaux et voyageurs. Telle une cale de bateau, l’espace est volontairement confiné et enveloppant.  L’esprit des clubs mythiques, comme le Village Vanguard ou du Green Mill sont convoqués.