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Project 04

L’ÉTOILE DE MER     

_{PLAGE D’HÉRACLÉE
83420 LA CROIX-VALMER}


<sup>L’enjeu est de réconcilier les éléments sur cet espace morcelé. L’hôtel n’est pas entouré ou accompagné d’un jardin, il est lui même un jardin. Les plantes prennent corps dans la construction où des fosses végétalisées structurent le bâti et l’espace intérieur.

L’espace paysager est le liant. Du portail jusque dans les chambres, il s’étire et se veut omniprésent pour installer une dimension organique et terrestre à cette architecture. Paradoxalement ici le bord de mer n’est jamais abordé comme une finalité ou une destination. Il est une pièce parmi un environnement naturel complexe et un prolongement du jardin. C’est un tout, qui conscientise un milieu qui ne s’arrête pas aux grilles de la propriété, et qui étire ses horizons du fond de la mer à la cime des arbres.

Ce massif d’essences végétales, endémiques et exotiques, court jusqu’à la mer en contrebas. Les bancs de saupes, les girelles paon et galinettes qui vivent dans les posidonies au pied des rochers sont autant d’inspirations pour le chef et sa cuisine. Au même titre que les arganiers du Maroc, les figuiers de Barbarie du Mexique ou encore les néfliers du Japon que les propriétaires comptent planter pour leurs fruits à récolter.</sup>

Messieurs S. cherchaient un lieu où s’installer l’été, pour recevoir leurs enfants et leurs proches. Après de nombreuses années à fréquenter les maisons des amis, c’est finalement un héritage, en 2004, qui débloque la situation. Idéalement située, dans un coin encore confidentiel de la côte varoise, cette maison dans laquelle ils avaient passé plusieurs séjours, n’était pas pour autant chargée de souvenirs. Ce qui facilitait son appropriation et ouvrait la porte à de nombreuses possibilités. Mais paradoxalement, ils ne feront aucun travaux et tout le monde s’accommodera de cette maison et de sa situation en suspens. 

Les étés défilent, mais c’est en 2020, en pleine pandémie, que l’histoire va se décanter. Apprenant la vente de la parcelle voisine et des deux maisons qui s’y trouvent construites, Messieurs S. en font l’acquisition. Ils ne sourcillent pas, et alors que l’hôtellerie prend l’eau, ils y voient une opportunité étroite mais réelle de mettre en œuvre leur plan: transformer cette maison en un hôtel ouvert aux voyageurs et aux vacanciers.

Commence alors un projet lourd et ambitieux, qui va immédiatement resserrer les liens familiaux. Installés au Japon depuis plusieurs années, deux de leurs enfants décident de les rejoindre dans cette aventure. Leur fille, tout d’abord, travaillant dans l’hôtellerie, leur apporte son regard et son expérience. Et leur dernier fils, cuisinier dans un fameux restaurant de poisson à Tokyo, se propose d’écrire des recettes et de prendre les commandes du restaurant de l’hôtel.

Conscient des saturations extrêmes que connait le pourtour méditerranéen, cet hôtel sera volontairement prototypal afin d’ouvrir des voies de cohabitation et de recomposition des existants avec son milieu naturel. Canicules, incendies, orages violents, pénurie d’eau, la Méditerranée est à l’orée d’un climat de moins en moins synonyme de plaisirs inconscients. Cet hôtel prend racine dans ces bouleversements et s’éloigne ainsi des standards internationaux de l’hôtellerie. Conçu pour ici et non ailleurs, sur les fondations des constructions existantes, dans un béton de site, sans climatisation, L’Étoile de mer sera assurément terrestre et vivante, au milieu d’une flore riche, singulière, protégée et protectrice. 

Et puisque l’horizon n’est pas non plus l’apocalypse, cet hôtel se veut être celui dans lequel Messieurs S. ont toujours chercher à s’installer quelques jours en vacances et qui n’existe plus que dans de vieux films italiens des années soixante. Une simplicité disparue, où le collectif et le partage symbolisaient la joie des vacances.