Project 09
23 . 02 _ U _  DONGES


- NO SMOKING -


DONGES ET MONTOIR
LOIRE-ATLANTIQUE




Nous préférons parler d’usine nouvelle et non l’inverse tant ce projet est ambitieux dans sa conception.

Si un site habituel peut laisser penser que nous partons de zéro, alors ici, l’ancrage est négatif, tant le site est pollué et complexe à manipuler. Le “déjà-là” est encombrant mais non sans capacités. 
Notre attitude est de vaincre un paradoxe: celui de construire pour dépolluer. À la manière d’un arbre qui stocke du CO2 durant son existence, ici les bétons et revêtement utilisent le charbon présent en quantité sur le site. Celui-ci est utilisé pour fabriquer un béton de charbon. Certes de qualité moindre qu’un béton classique, il offre néanmoins des propriétés suffisantes et permet de stocker cette roche dans la masse des nouveaux bâtiments. Et ainsi éviter sa combustion ou sa volatilité, sources de pollution. Tout comme un pisé de mâchefer est utilisé pour les revêtements.

Sa structure est pensée comme ultra-réversible. La structure primaire est vouée à occuper le site aussi longtemps que possible, sans lien direct avec les activités qui l’occupent. Si indéniablement une telle construction, à cette échelle, va engendrer des bouleversements sur le site, autant combiner l’acte de bâtir pour maintenant et demain. “L’après” est aussi important que le “maintenant”. Ce raisonnement fait suite à l’obsolescence accéléré des site industriels. Aujourd’hui les modes de productions évoluent plus rapidement que les bâtiments ne le permettent. Cette usine nouvelle tente de réitérer les forces de réversibilité auxquelles ont fait preuve les architectures industrielles du XIXème siècle. 

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- NO SMOKING - fait écho à cette mise en garde inscrite sur le château des bâteaux pouvant transporter des matières inflammables; peinte en rouge ou noir avec des lettres plus grandes que des maisons. Mais elle évoque surtout la question sécuritaire dans le monde industriel, omniprésente et omnipotente.

Quand on rencontre Monsieur L. à Donges, on s’étonne de voir ce président d’un groupe industriel aux potentiels vertigineux, aussi à l’aise dans son habit de chantier. Il crapahute et s’exclame devant les points de vue qu’offrent le site. Il aime ce territoire et n’hésite pas à le montrer à ses visiteurs. Il connaît chaque entreprise implantée, ce qu’elles fabriquent et exportent, l’histoire du chantier naval, le nom des grues portuaires et des ponts roulants, mais aussi les architectes de la remarquable et moderne église Saint-Martin, les espèces protégées ou encore les conditions de navigation dans l’estuaire. Alors on se laisse guider et séduire par cette dimension humaine qu’il sait apporter à ce territoire qu’il arpente depuis plusieurs années et au projet qu’il défend.

Sa familiarité remonte à longtemps. En vacances, à une époque où les jauges des voitures étaient peu fiable, il tombe en panne d’essence. Précisément ici. La rencontre silencieuse entre la Loire et l’Atlantique mêlée aux ronflements sourds des industries voisines ne le laissent pas indifférent. L’ironie est qu’il est planté là, le réservoir asséché au milieu d’énormes citernes de pétrole où des millions de litres sommeillent. À sec, dans cet océan d’hydrocarbure.

Depuis, on comprend que les réservoirs se sont remplis d’ingéniosité pour créer la belle mécanique que Monsieur L. a fondé: Renewcell. Ce groupe suédois s’est implanté à Sundsvall, sur un site industriel en souffrance, pour enclencher une reconversion et s’attaquer à un sujet actuel qui appellent des moyens pharaoniques. L’entreprise développe une technologie de recyclage dans une industrie, celle du textile, considérée comme l’une des plus polluantes du XXIème siècle, car responsable d’une part significative des émissions de gaz à effet de serre et des pollutions aquatiques. Les énormes machines développées par Renewcell dévorent des vêtements usagés jours et nuits, sans relâche, pour fabriquer une pâte de cellulose qui servira à retisser de nouveaux vêtements. Cette pâte est nommée la circulose, pour sa capacité à produire une matière identique à celle dont elle émane.  

En 2020, à la suite des résultats concluant de la première usine et du marché qu’elle s’est trouvée, le groupe Renewcell réussit à lever des fonds pour lancer le projet d’un second site de production. Cette fois, les capacités de recyclage vont être décuplées et portées à des échelles titanesques. Ce sera le plus grand site de recyclage de ce type dans l’hémisphère nord.

Renewcell lance un appel à projets et plusieurs villes entrent en lice pour attirer cette entreprise d’avenir. La candidature de l’Établissement Public en charge du Port de Nantes-Saint-Nazaire portée par la Région Loire-Atlantique propose Donges et Montoir comme site d’implantation. Alors quand ce dossier parvient sur le bureau de Monsieur L., celui-ci ne lui est pas étranger. 

Après d’énormes tractations, à l’image des enjeux politiques, environnementaux, économiques et financiers sur lesquels repose ce projet, Donges et Montoir sont retenus. Le site choisi est situé en partie sur un ancien terminal charbonnier. Il va connaître une mue radicale pour se remettre en marche, et produire une matière recyclée et recyclable. Du charbon, archétype de deux siècles de progrès, voici la circulose, rebut magnifié du siècle à venir.





Prochainement.

Usine de recyclage
Terminal portuaire et ferroviaire
Centre logistique
Bureaux

Début : 3ème
trimestre 2022

Budget : NC

Surface : 32 ha


Construction neuve Démolitions partielles

Fondation pieux béton
Pile et poutre en béton préfabriqué
Poutre acier reconditionné
Béton de charbon
Pisé de mâchefer
Charpente métal bois
Couverture végétalisée


Inventaire des matériaux : NC